Premiéres visions d' Indochine Phonm Pehn Cambodge | La capitale Un
temple à l´architecture typiquement
cambodgienne.
L´un des temples qui ornent les allées du palais royale. Le mémorial dédié aux morts du régime de Pol Pot Non loin de là, une femme qui à l´aide de son bambou cueille des fruits en secouant les branches de l´arbre. Au Cambodge ce sont souvent les moines qui se chargent d´aider les plus démunis. Les bénéficiaires de ces associations habitent dans de petites maisons, en bordure de village qui en général abritent quelques centaines d´habitants. Visions d´Angkor Watt Merveilles du monde ensemble de temples au nord du Cambodge Des dizaines de temples construit par des souverrains Khmers, il y a fort longtemps. Les styles architecturaux de ces temples diff´rent selon la dynastie et selon l´époque. Certains temples sont envahis par la végétation. La plupart des teñples conservent en leur sein des statutes magnifiques, aujourd´hui encore entretenues par les habitants des environs des temples. Visions du Laos Paksé, ville du Sud J´arrive au Laos par le Sud, dans la "grande" ville de Pakse. C´est justement le festival des dieux du Boudhisme. Puis, je me rends encore plus au sud, dans la ville sacrée de Champasak. Je m´y rend en bateau. La plupart des routes au Laos ne sont même pas goudronnées Des enfants des flots. Pour le festival des dieux, des milliers de peronnes sont réunis au pied de la montagne du temple. Les enfants sont partout.... ....les marchands également. Certaines tribus viennent de trés loin, au nord du pays. Les offrandes sont simples : encens, fruits, bougies. Les sculptures sont d´une finesse incroyable. La nuit tombe, les ombres offrent des perspectives intéressantes. Visions des 4 mille îles Frontiére Sud, Lao-cambodgienne Les 4 mille îles sont formées par les nombreux lits divergents du Méckong dans le sud du pays. Certaines îles sont assez grande pour abriter quelques centaines de paysans et leurs familles. Ici les enfnats vont á l´ècole en barque ! Je me suis baigné dans des criques splendides. Les bébés sont transportés grâce au système D. Visions de la Thaïlande Bangkok Nous avons visiter l´aquarium de la ville. C´est la Saint- Valentin : les poissons aussi ont droit á leur coeur ! Le palais royale, au centre de Bangkok. Les éléphants blancs : symbole de la puissance et de la sagesse royale. Un art religieux thaïlandais raffiné. Des fresques murales qui ornent tous les mûrs de l´enceinte du palais. Nous avons également assisté à un combat de boxe thaï, en passant dans une ruelle. Des marionnettes aux couleurs traditionnelles. Beaucoup de touristes se font faire des dredslocks en plein milieu de la rue. Dans la rue, on y pratique aussi la gymnastique. Visions du nord historique Lopburi, Sukhothai, ChangMai . C´est là un autre ensemble de temples, un peu semblable à l´Angkor Watt cambodgiens. Ici d´ailleurs, l´influence Khmers est parfois évidente. Des statues aux dimensions titanesques. Encore un festival religieux, cette fois c´est á Lopburi au nord de Bangkok. De nombreux artisans sont lá pour vendre leur tissus fait main, c´est garantie ! Visions de Paradis ! île aux trésors et KoPhiPhi sud de la Thaïlande Puis nous partons pour le sud du pays, en avion. Un paysage paradisiaque sóffre à nous par les hublots de l´avion. Puis c´est le bateau afin de passer d´île en île. Notre choix s´est arreté sur Ko Phi Phi : une île exceptionnellement bien préservée de toute invasion de touristes barbares ou animals bruyant et à deux pattes du genre. Entre océan et fleuve d´eau douce, l´intérieur de lîle, c´est l´univers de la Mangrove : une forêt en permanence les pieds dans l´eau. Adam et Eve, oú êtes vous ? Le soir venu, les bateaux vagabonds rentrent nonchalemment au port. Jour après jour, nous passons nos journèe sans soucis aucun : ma mère, moi-même et Caroline ma copine :-) Kikou Caro !! Salut moman !!!! Trop dure la vie ici ! Le soir nous dinons sur la plage, éclairés par la lumi`re de lampadaires plantés à mêmes le sable. Visions de la Malaisie Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie La Malaisie ce sont les très célèbres et gigantesques tours jumelles, de belles mosquées à l´architecture métissée...... ...... une skyline unique au monde...... ..... et un quartier dáffaire qui ne sera pas sans rappeler quelques souvenirs à mon père. Mais c´est `´egalement des batiments historiques parfaitement conservés ! Des temples bouddhistes construits á même la montagne. Et des associations qui ont conscience que même les enfants du Sida ont besoin de rire et de s´amuser. Visions Singapoure île à l´extrême sud de la Malaisie Singapour c´est une île-ville-état, unique au monde.Tout est propre, nickel, sans histoire. C´est beau mais il n´y a pas grand chose à y faire. On peut par contre y admirer des batiments à l´architecture métissée exceptionnelle : comme cette mosquée du quartier musulman. Ou encore ce temple boudhiste du quartier chinois. La salle au mille buddha. La statue du Buddah au lotus vous accueille à l´entrée. Dans la salle principale, les fidèles tous vêtues de robes sombres, prient tous en coeur face aux divinités d´or. Le troisième étage du temple abrite une collection de statuettes impressionantes. Je návais jamais vue autant de statues de Buddha toutes plus belles les unes que les autres ! Une statues de Buddha provenant d´Asie centrale : une pièce archèologique de choix, l´influence hellénistique saute aux yeux. Et devant la porte, un Demiurge garde l´entrée. Visions de l´Indonésie Jakarta, Capitale chef-lieu de l´île de Java L´Indonésie est un pays musulmans, pourtant beaucoup moins intégriste que ne peux l´être la Malaisie par biens des aspects. Ce pays semble beaucoup plus à l´aise avec son héritage culturel et le lègue laissé ici par les colons hollandais. Mais Jakarta reste une ville surpeuplée comme on les imagine en Asie du sud est, avec ses quartiers d´affaire qui jouxtent certains bidonvilles. Et ses enfants qui se baignent à deux pas de là, dans des rivières à l´eau saumâtre... qui servent également de tout à l´égout ! Photos de Ludovic Zahed © 2008 | All rights reserved |
Because
AIDS orphans and HIV+ children deserve to laugh and be loved like any
other child !
Les textes de ce blog, retravaillés, sont désormais disponibles aux éditions l'harmattan (cliquez ici) Le Sud Est
asiatique . . .
Cambodge, Laos, Thaïlande, ancien empire d' Indochine Me voilà dans un petit paradis pour touristes, situé au cœur de Phnom Pen. Hier, après une courte escale à Bangkok, j'ai fini par atterrir au Cambodge. La première chose que j’ai fait à l’aéroport, c’est de me procurer un guide touristique du lonely planet. La deuxième chose à été de trouver ce splendide hôtel construit sur pilotis. Non loin des bords du Mékong. Il est idéalement situé, tout au bout d’un quartier constitué uniquement de petites ruelles où tout est à disposition : restaurants bon marché, commerces d’appoints. Les cafés internet y pullulent !
Mais où est donc la grisaille parisienne !? Ici il fait une chaleur idéale : vingt-cinq degrés, un soleil clément et un taux d’humidité tout à fait supportable pour ces latitudes. Sans compter que les patrons de l’hôtel travaillent également pour une ONG qui s’occupe d’un orphelinat où sont logés plus d’une vingtaine d’orphelins du Sida. Que demande le peuple ? Je sais déjà où commencé mon enquête (en plus des adresses de différentes associations dont je dispose déjà). En cet instant précis, j’ai l’impression d’être le plus chanceux des êtres humains, réalisant la plus enviable des tâches. La première chose que je fais est de passer quelques heures sur le pontons qui prolonge la terrasse sur pilotis de l’hôtel, afin de finir la rédaction de mon rapport à propos des enfants du Sida en Iran : de ce point de vue, j’ai un peu de retard mais on ne peut pas tout faire en même temps. Si, mais mal. Alors j’ai attendu d’avoir le temps, après cette traversée de la jungle indienne sans pareil ! Du monde partout, sur des kilomètres, des ordures de partout, des klaxons parfois par demi-douzaines à la seconde… Ici, dans les rues de Phnom Penh c’est à peine si j’en entendu deux ou trois, en tout une heure. C’est le paradis, vous dis-je !
Mon hôtel
est construit sur pilottis, au bord d´un
lac.
C´est l´endroit idéal pour se reposer ou rédiger son blog.
Puis,
la deuxième chose que j’ai faite c’est
effectivement
de sortir faire un tour de
la ville. Sur le siège arrière d’une
moto dont on
loue les services ici pour
une somme modique, j’ai pu me rendre au marché le
plus
proche afin de me
procurer deux ou trois débardeurs, deux pantacourts et une
casquette. Voilà
c’est fait, je suis prêt à affronter le
superbe
climat tropical qui s’offre à
moi ! Il est 15H59. De retour à
l’hôtel, je
m’apprête à finir de mettre en
ordre les précieuses informations que j’ai
récoltées sur les centaines de
milliers d’enfants du Sida présents sur le
sous-continent
indien. Une région
fascinante, un mode de vie éprouvant. Une seule nation
indienne,
deux pays
pourtant : l’Inde et le Pakistan. De nouveau
installé
confortablement sur
la longue barque qui sert de terrasse flottante à
l’hôtel, j’apprécie la brise
légère
qui s’est levée en début
d’après-midi.
L’équipe de l’hôtel
à mis Nina Simon
qui
interprète l’inoubliable « ne
me quittes
pas », de Brel. Le Mékong sinue
langoureusement non loin et un monument sacré chante pour
moi.
Le bonheur
existe ! Je suis un homme riche d expériences
humaines
incomparables, à
l’abri dans ce cocon propice à la
réflexion et au
ressourcement. J’ai même eut
le temps de faire quelques longueurs de crawl à la piscine
municipale. Cela
fait plus de vingt ans que je nage régulièrement,
parfois
plusieurs fois par
semaines lorsque mon emploi du temps s’y prête. Et
là, quatre mois sans une
seule longueur ! Aïe, ca fait mal. Les premiers
mouvements
sont pleins de
contractures. ! En pénétrant dans le bassin,
j’ai
eut l'impression d'avoir le
corps endolori d'un vieillard. Et en ressortant de là ? Eh
bien
c’est tout
comme si l'on m'avait échangé mon corps pour
celui d'un
jeune homme; un corps
purifié des toxines et du stress du quotidien.
Je
passe donc les cinq jours qui suivent mon arrivée
à Phnom Penh à travailler sur
la terrasse de l’hôtel ou au restaurant
d’à coté (lui aussi construit sur
pilotis). Je ne sors qu’afin de visiter les
différentes associations qui
prennent en charge les enfants du Sida au Cambodge.
Ce sont des associations qui s’occupent
pour
la plupart d’orphelins dont les parents sont morts des suites
de leur maladie.
En effet, avant 2003 les traitements permettant de vivre avec le virus
du
VIH/Sida n’étaient pas disponibles gratuitement au
Cambodge. Lorsque vous
demandez aux gens de vous décrire la situation à
l’époque, ils n’ont pas de
mots pour cela. En général, ils vous font des
signes de la main qui sont
compréhensibles partout dans le monde, sans aucun doute
possible : une
hécatombe, des morts partout ! Ce fut probablement
l’une des pires
catastrophes sanitaires à laquelle à due faire le
pays ces dernières années. Et
pourtant au Cambodge, les catastrophes, les guerres civiles, les
régimes
totalitaires… ils connaissent. C’est dire
l’ampleur des ravages causés par la
pandémie ici. Aujourd’hui, les choses vont mieux. J’ai visité de nombreuses familles à travers trois districts, entre la capitale et Siem Reap plus haut au nord. J’ai vue des enfants, orphelins ou dont les parents sont encore vivants : des enfants séropositifs mais néanmoins resplendissants de santé ! Là encore c’est le même constat selon moi : ces enfants de huit ou douze devraient avoir autre chose à faire que de songer à leur prise de traitement ou à leur taux de CD4 (indicateur de l’état du système immunitaire). Mais la vie est ainsi faite, pour le moment. Disons que c’est un moindre mal. Dans leur malheur ils sont vivants et j’espère que beaucoup d’entre eux mèneront une vie riche, épanouie, contentée, utile à leur communauté.
Les
associations au
Cambodge aident de
... et sa
grand-mére qui doit aujourd´hui
l´éduquer seule.
Et non loin de la, vit une autre famille touchée par le Sida..... ....la maman
est
décédée des suites de la maladie.
Au Cambodge, certains
orphelins sont pris en charge par les moines boudhistes
J’ai
également visité, tout comme en
Inde, des patients mourants. Des pères et des
mères de famille aux corps
décharnés. Ils laisseront derrière eux
un, deux, parfois jusqu’à cinq nouveaux
orphelins. Ces gens ont attendus le dernier moment pour se rendre
à l’hôpital.
Souvent il est trop tard. Là encore, tout comme en Inde, en
Pologne ou dans
bien d’autre pays malheureusement, les tabous liés
à la religion, à la
sexualité et la culpabilisation, la stigmatisation des
séropositifs,
n’encouragent pas les personnes qui se doutent
d’avoir été infectés
d’aller
voir un médecin au plus tôt. Parfois les
médecins eux-mêmes participent de cet
état de fait, d’ailleurs. Oui, encore une fois
l’obscurantisme est le meilleur
des terreaux tout autant que la plus fertile des semences, pour
l’explosion de
cette pandémie mondiale qui selon les
spécialistes rappelons le, n’en est
encore qu’à ces début. En effet, tout
comme avec le climat et l’effet de serre
à la fin du siècle dernier souvenez-vous,
certains étaient sceptiques et la
plupart pensaient que de toute façon nous atteindrions un
pallier, une sorte de
plafond de verre au-dessus duquel les différentes constantes
finiraient par se
stabiliser d’elles-mêmes. Il n’en est
rien. En Afrique et dans certains pays du
Caucase ou d’Asie Centrale, dans certains pays
d’Amérique latine comme le Pérou,
la pandémie n’a jamais progressé aussi
rapidement.
Et me voilà planté
là, à parler avec
ses mêmes parents en fort mauvaises conditions, de mon
initiative. Je leur
parle de leurs enfants, alors que sans doute la plupart
d’entre eux ne les verront
jamais grandir. Au début, ils me lancent des regards
désabusés, courroucés pour
certains. Lorsqu’ils apprennent ce que je fais et les raisons
qui m’ont amenées
ici, lorsque je leur dit que les traitements c’est durs mais
qu’il faut s’y
astreindre ; qu’il faut s’imposer une
hygiène de vie irréprochable si l’on
veut vivre sereinement avec son virus, comme moi j’ai eu
à le supporter les
premières années, il y a très
longtemps ; Alors, certains d’entre eux
m’observent avec de yeux grands ouverts,
stupéfaits, le regard distant !
Comme plongés dans une introspection qui s’est
alors saisi de leur esprit. Ils
doivent se dire quelque chose du
style : « alors c’est
possible
d’être en bonne santé avec cette
saleté… ».
J’espère du fond du
cœur que c’est
ce qu’ils se disent ! J’espère
que ma visite, que mes efforts pour ce
qu’ils valent, contribueront à permettre
à ces gens de retrouver espoir. La
psychologie humaine, c’est cinquante pour cent de la
guérison du patient et ce
quelque soit la maladie. Oui, j’espère que nous
n’avons pas là une nouvelle
fournée d’orphelins du Sida offerte à
la voracité d’une maladie dont rien ne
semble être en mesure de pouvoir la freiner. Une partie de
moi est furieux de
cet état de fait. L’autre se dit eh bien que les
choses au Cambodge sont moins
affreuses qu’elles ne l’ont
été un jour pas si lointain que cela,
où dans
presque chaque village cambodgien il y avait des morts à
cause de cette
maladie. Je peux vous parler des heures durant de ce que je ressens au
moment
même où je m’adresse à ces
parents. Jamais pourtant je ne parviendrais à vous
exprimer les sentiments qui sont les miens dans ces moments, cette
volonté que
rien ne semble pouvoir ébranler de joindre mes efforts
à ceux qui œuvrent aux
biens de ces enfants, afin que pour eux
les choses changent pour le
meilleur.
C’est dans cet état
d’esprit
mi-figue mi-raisin et après des jours de quête
à travers plusieurs provinces,
que j’atteins enfin les territoires du nord Cambodgien.
Cela fait plus d’une semaine que je suis présent
sur le territoire des Khmers.
Et toujours aucuns signes des gardiens du Khouloud ! Pourtant,
je suis
bien en Asie du Sud Est, mais le bout du monde est vaste,
très vaste !
Alors bien sur, le Vietnam c’est encore plus à
l’Est et l’Indonésie encore plus
au Sud. Mais ces gardiens, férus de mythologies en tout
genre comme ils doivent
l’être, sont au courant que là-bas au
Vietnam, c’était la grande fête de
l’année lunaire ! Pendant une semaine,
tout y était fermé. Aucun moyen
d’obtenir un laissé passer pour
pénétrer sur le territoire vietnamien.
C’est
pourquoi j’ai tenté ma chance ici. Pourtant,
rien… Aucune nouvelle ! Me
faudra-t-il me rendre jusqu’en Océanie afin de
fouiller de fond en comble les
îles d’Indonésie ? Sacre
bleue ! Il va bien falloir que je finisse
par faire quelque chose. C’est décidé, demain à la première heure je me rendrais au nord de Siem Reap, sur le site de cette antique citée autrefois interdite au commun des mortels. Une citée au milieu de la jungle, dédiée aux cultes d’anciens Dieux dont les noms restent perdus à jamais pour la mémoire des humains. Des dieux aux formes chimériques, parfois cruels, aux faces multiples, insaisissables, dont on dit pourtant qu’ils auraient confié le secret de leur immortalité aux plus fidèles de leurs adorateurs. Seuls les élus parmi le peuple Khmer pouvaient s’y rendre, dit-on, sans être terrassés sur le champ dès qu’ils eurent passé la grande porte qui marque le début « de la citée de pierre », comme l’appellent encore les anciens à Siem Reap. Cette citée c’est Angkor Wat : la citée au quatre-vingt dix neuf Buddhas. Des statues présentes dans chacun des temples et des innombrables pagodes, élevés pour la plus grande gloire de l’illuminé, assis impassible sur son lotus.
Le lendemain matin, nous sommes le
samedi 7 février 2009. C’est une date pleine de
chiffres impairs : serait-ce
un bon présage… ? Je me lève
un peu plus tôt qu’à
l’accoutumé. A cinq
heure trente du matin, je loue les services d’une motos-taxi
comme il y en a
des centaines ici dans toute la ville. Dans les rues, pas mal de monde
déjà.
Les Cambodgiens se moquent de nous, occidents qui nous levons
disent-ils bien
après « notre père le
soleil ». Une ancienne croyance animiste sans
doute. Quoiqu’il en soit, eux se lèvent
à l’aube pour les prières du matin.
Ensuite, c’est en général une longue
journée de labeur qui les attend, sans répits
et sous un soleil de plomb : fidèle et pesant
compagnon de ces latitudes
tropicales.
Très vite, nous laissons la ville
derrière nous pour nous engager sur une route
forestière. Nous sommes
absolument seuls ! Pourtant, il y a quelque chose
d’enivrant dans
l’atmosphère de ces lieux. Est-ce là
l’effet des senteurs musquées de ces
arbres aux essences exotiques ? Sans doute, mais plus encore.
C’est comme
un picotement intérieur, une excitation face au danger que
l’on sait devoir
affronter, seul, inéluctablement. L’air est frais,
je ne l’avais pas prévu. Je
suis vêtu d’un simple tee-shirt. J’ai la
chair de poule mais j’aime ça. L’air
du petit matin a toujours eut sur moi un effet vivifiant ! Avant le levé du soleil, nous arrivons enfin à ce fameux portique aux dimensions imposantes. Les alentours sont envahis par la végétation. Des faces de dieux tricéphales marquent l’entrée de cette contrée largement inexplorée, que les guides touristiques les plus sérieux aujourd’hui encore décrivent comme « un territoire vaste, à explorer à vos risques et périls… ». Ok, c’est donc là le moment de vérité. La moto s’arrête sur le bas coté de cette route de terre qui nous a menés jusqu’ici. Soit je fonce sans me retourner et je tente coûte que coûte de trouver une voix qui me sortira de l’impasse dans laquelle semble se trouver ma quête. Soit j’abandonne et je rentre à Paris illico presto. Intérieurement je n’ai aucun doute, mon choix est fait. Je fais signe à mon motard d’avancer. Il hésite un long moment, les doigts crispés sur son guidon. Il me regarde, puis abaisse la visière de son casque, et vogue l’aventure ! Un portail de
pierre aux dimensions titanesques : Au bout de deux kilomètres, parcourus au milieu d’une jungle tropicale de plus en plus dense, nous finissons par apercevoir les flèches élancées d’un temple dont les proportions sont sans doute immenses. Cette structure est entièrement construite en pierre emboitées sans aucun mortier, telle une nef spatiale posée là par les dieux pour ne plus jamais en être retirée. C’est Angkor Wat ! Le plus grand et le plus élaboré des temples érigés par la civilisation Khmer. En traversant le pont, une lueur d’espoir vacille en moi. J’ai, l’espace d’un instant, l’espoir illusoire que mon motard va m’accompagné. Pourtant il n’en est rien. Le pauvre bougre semble complètement tétanisé, en transe. Les yeux grands ouverts, comme ceux d’un poisson hors de l’eau, il regarde fixement et sans rien dire, la plus haute des tours d’Angkor sous le soleil levant. Je vais devoir y aller seul, visiblement il n’est pas en condition pour m’emboiter le pas… Le temple principal
d´Agkor Watt, sous le soleil levant. Après avoir traversé la vaste cours centrale, je commence par explorer la structure principale. Au début je marche à pas feutrés. Je me fais discret. Si je le pouvais, je pénètrerais tout entier dans les murs, afin de me faire oublier de je ne sais quel observateur aux aguets. Pourtant, dans une des très nombreuses salles du temple, je tombe nez à nez avec une statue de Buddha de plusieurs mètres de haut. C’est un choc ! Une explosion de couleur dans univers de pierres et de rocs. La statue est entièrement recouverte de pièces de tissus aux couleurs chatoyantes. Le contraste est saisissant, magnifique ! Je finis par me laisser aller à contempler cette statue. Un reste d’encens brûle aux pieds du Buddha depuis l’aube. Je suis rassuré, contrairement à ce que je pensais ces lieux ne sont pas abandonnés. Ma recherche gagne en entrain. Je vais de salle en salle, en quête du moindre indice. Qui sait, peut-être le représentant d’un ancien culte Angkorien saura-t-il orienter mon périple. Mais rien, forcé de constater que ces lieux sont vides. N’y aura-t-il donc personne pour me venir en aide !?
Je ne baisse pas les bras pour
autant. Je suis fermement résolu à visiter tous
les temples de la région si
cela est nécessaire. Effectivement, de retour
auprès de mon motard qui semble avoir
repris ses esprits, il me confirme dans un anglais presque impossible
à
déchiffre que oui, il y a bien des temples à
Angkor en plus de celui-ci. Nous
reprenons la route de terre battue, vers l’est cette fois-ci.
Nous arrivons au
croisement des chemins. Mon chauffeur semble hésiter. Il
voit une vache au pied
de ruines sans importance. De la tête, il me fait signe de la
regardez.
Effectivement c’est très bizarre, elle semble
balancer sa tête,
systématiquement vers la droite. Une vache blanche est un
animal sacré, pour
tous les habitants du sud de l’Asie. Ni une, ni deux, mon
motard a probablement
cru que les mouvements de tête de cette bête,
effectués sans doute pour la débarrasser
d’un parasite quelconque, étaient en
réalité produits sciemment afin de nous
indiquer la route. Peu importe, aujourd’hui je croirais
n’importe qui,
n’importe quoi. Ce sont quatre mois de voyages et de dur
labeur qui se jouent
en ce moment précis !
Nous roulons près de vingt bonnes
minutes. Puis, sur une route à peine visible au milieu
d’une végétation
luxuriante, splendide, envahissante aussi, et dans cette chaleur
tropicale
d’une journée déjà bien
entamée, nous arrivons enfin à Bayon :
le temple
du dieu gémeaux. A moitié maléfique,
à moitié altruiste. J’espère
que les
humeurs du dieu aujourd’hui seront clémentes.
Là encore, je passe une bonne
heure à fouiller le temple de fond en comble. Rien, rien,
trois fois
rien ! Des Buddhas magnifiques, eux aussi sont entretenus
pieusement. Des
bas reliefs à couper le souffle, presque aussi finement
sculptés que ceux de
Persépolis l’iranienne. Des colonnades, des
voûtes qui ont résistées à
l’usure
des ans. Mais d’indice concret, de cela il n’y a
aucune trace.
La plupart des temples d´Angkor sont agrémentés de superbes statues en pierre.
Certains temples sont faits à l´image de l´humain. Des bas reliefs presque aussi finement sculptés que ce de Pérsépolis, en Iran.
Dépité, je retourne voir mon motard.
Voyant mon air abattu, il hésite un instant… Puis
me faire comprendre qu’il
reste encore un temple, plus loin, beaucoup plus loin dans la jungle.
Il me
dit, toujours dans cet anglais impeccablement massacré en
bonne et due forme :
« verrit dandgè ».
Littéralement, beaucoup de danger ? C’est
bizarre cet accent… comme forcé. Maintenant que
j’y pense il me rappel l’accent
de cette guide roumaine, au soit disant château de Dracula.
Tout cela est
bizarre, à n’en pas doute. Mais de toute
façon, à ce stade là j’en ai
trop fait
ou pas encore assez. Je dois en avoir le cœur net !
Nous reprenons par
conséquent la route vers l’est, toujours plus au
fond de la forêt tropicale.
Peu à peu, un bruit se détache de plus en plus
nettement du reste du fond
sonore. Une rivière !?
Effectivement, après un dernier
détour notre chemin enjambe un cours d’eau aux
flots impétueux. Afin de
poursuivre notre route, nous devons traverser
un pont
branlant,
dangereusement suspendu
au-dessus d’une rivière à
l’eau
saumâtre. « Piranha »,
me dit le
chauffeur. Ok, merci c’est rassurant. Autant être
prévenu effectivement.
L’armature rouillée du pont tient à
peine. Mon
motard semble hésiter, puis me
fait signe de traverser à pied. Il traversera ensuite,
à
coté de sa moto qu’il
fera rouler. Oui, c’est plus prudent. Le pont
craquèle et
grince de tout son
long. Une fois tous les deux de l’autre cotés,
sains et
saufs, je risque un
regard en contrebas. Là, flottant à la surface de
l’eau, je vois plusieurs
carcasses d’animaux qui ont semblent-ils étaient
moins
chanceux. Ils sont
dévorés, leurs os rongés,
nettoyés,
décapés par la denture
acérée des poissons
voraces et carnivores qui peuplent cette jungle dans laquelle nous nous
sommes
aventurés. Un pont
branlant, suspendu au-dessus de l'abîme, Là au fond, gisent des carcasses d'animaux, dévorés par les piranhas ! Une fois de l’autre coté, sans et sauf en dépit du danger, nous n’avons plus à rouler longtemps avant de tomber nez à nez avec le temple de Gaya, notre mère la Terre. Là, la végétation à tout envahi. De nombreux arbres enlacent tendrement les pierres, les soulèvent, les contournent parfois. Entre pierre et végétal, on ne peut plus désormais faire la différence. A la foi enhardi et frustré par mes recherches précédente, ici je n’hésite pas une seule seconde. Je m’élance à corps perdu dans la fouille des lieux.
Ma progression est ponctuée par la visite de dizaines de petites courettes agrémentées de superbes petits temples aux formes inédites. Au fond d’un long corridor, une statue bien plus petite que toutes celle que j’ai vue jusqu’ici. A peine de la taille qu’aurait un enfant assis en tailleur, elle est recouverte d’une étoffe en soie orange : la couleur du sacré. Je me penche en avant. Dans cette pénombre, je distingue péniblement ce que la statue de tient en sa main. En tâtonnant, je trouve enfin ce que j’étais venu chercher depuis si loin. D’un bout à l’autre du monde, serais-ce là le dernier des indices !? C’est un parchemin, il semble très usé… Aspect illusoire pour tromper les curieux ou… Je me lance : je le saisi, l’ouvre à deux mains et… Oh ! C’est la langue ancienne, celle de l’Alam Al-Mithal. Ici, à Angkor Wat !? Impossible ! Et pourtant si, je ne rêve pas que je sache. Alors, bien que mes modestes connaissances en langue antique remonte à loin, je tente une traduction du manuscrit (Oh Champollion, père de l’interprétation des textes anciens, puisses-tu me pardonner et ne pas te retourner dans ta tombe). Il est écrit quelque chose comme cela:
L'indice repose dans les mains d'une statue en position du lotus, une statue de la taille d'un enfant. «
La route est encore longue (ah… ca commence mal pour un
« dernier
indice »). Tout vient à point
à qui sait attendre (sans blaguer…).Tu te
reposeras à Champassak, pour le festival des esprits de la
forêt. En Océanie,
tu finiras ta course de ce coté-ci du monde. Tu y trouveras
l’indice qui le
dernier te permettra te combler ce vide qu’il peut y avoir
entre toi et le but
ultime de ta quête. Plus à l’est, tu
rendras hommage au dieu Tortue, en survolant ce pays des longues pattes
constamment brûlé par un soleil de plomb.
N’oublie pas que nous les gardiens du
khouloud, nous sommes avec toi où que tu sois. Nous te
recontacterons le moment
venu ». Et
voilà tout. C’est vrai que parfois ces chers
compagnons qui se sont invités
tout seul dans ma quête, sont parfois un tantinet
hermétiques, voir ésotériques.
Mais alors là ils ont fait fort ! Je ne me
laisserais pas décourager pour
autant. La fatigue est là, bien entendu. Toutefois, je reste
très motivé pour
trouver un fin mot à cette histoire. Et puis une chose est
sure, je n’ai plus
rien à faire ici. C’est déjà
ça de pris. Alors, assis sur la selle arrière de
la moto, mon motard trop heureux de pouvoir enfin quitter ces lieux
maudits, je
pense à la suite à donner aux
évènements. Reprenons :
Champassak… ça c’est
une ville située au Laos si je ne m’abuse. Quant
à l’Océanie, c’est un vaste
archipel constitué de plus de quatre mille
îles ! Où dois-je me rendre au
juste !? Comme ça, à brûle
pourpoint je dirais Java. C’est l’île
principale sur laquelle se trouve la capitale, Jakarta. Sans compter
que cette
île abrite les merveilleuses ruines des citées
construites par la civilisation
antéislamique indonésienne. La
suite de ma quête à travers le monde pour trouver
un remède au mal qui ronge
les enfants du Sida se poursuit. La question est : en
viendrais-je jamais
à bout un jour… Le doute, la fatigue, le
désespoir sont les meilleures
compagnes de la fin de ce genre d’entreprise. Il se pourrait
bien que le plus
dure des combat sur le tard, ce sera avec moi-même que
j’aurais à le mener.
Nous sommes le dimanche 8 février
2009. Je suis arrivé ce matin à
l’aéroport de Paksé, dans le sud su
Laos. Ce
n'est qu'aujourd'hui que je sens mes équilibres
intérieurs totalement restaurés.
Oui, quel contraste saisissant entre l’Asie du Sud est et
l’Inde !
Il est vrai que L’Inde est un pays
hors de toutes normes, tous le monde le dit. Ce que tout le monde dit
aussi,
c’est qu’au bout de plusieurs semaines
passées en Inde on quitte se pays comme
éprouvé. J’ai rencontré
plusieurs touristes qui m’ont confirmé
qu’eux aussi,
ils ont fini leur séjour en ignorant tout le monde dans la
rue, en passant leur
chemin, en faisant fi de toutes ces dizaines de personnes qui les
abordaient
chaque jour dans l’espoir de leur vendre quelque chose, leur
demander quelque
chose, leur mendier quelque chose… N’importe quoi,
pourvu qu’ils obtiennent de
vous quelque chose !
Comment ne
pas comprendre tous ces gens dans la misère ? Mais
comment s’en protéger
aussi ? Certains, dont je fais partie je dois
l’avouer, ont souvent dû
hausser le ton afin de se sortir de situation complètement
invraisemblables.
Particulièrement après avoir voyagé
dans le Nord de l’Inde, là où se trouve
la
plus grande concentration de villes industrialisées,
d’agglomérations
surpeuplées qui s’étendent sur des
kilomètres.
L’Inde a été pour
moi une épreuve en
triptyque. A courir partout, aux quatre coins du nord du pays dans un
environnement si bruyant a été pour moi une
épreuve physique. L’épreuve
émotionnelle a été de voir tant
d’enfants souffrir et parfois de parents sur le
point de mourir. Quant
à l’épreuve
psychologique, il s’agit là très
clairement d’un combat avec moi-même :
saurais-je doser mon efforts afin d’éviter le
burn-out, le surmenage ? Je
savais que ce serait dur, c’est d’ailleurs ainsi
que j’ai voulu concevoir ce périple.
Comme une épreuve tout autant que comme un acte de
solidarité. Pourtant, jamais
je n’aurais cru que tout ceci représenterait
autant de données à mettre en
ordre. Ce qui en soit est une bonne chose, au moins en rentrant je
pourrais
exploiter jusqu’à la dernière miette de
la substantielle moelle de cette expertise,
que je suis en train d’acquérir
aujourd’hui.
Béni soit le Laos ! Ici,
c’est
encore plus frappant qu’au Cambodge, l’ambiance est
à la détente, au farniente.
Sans doute est-ce dû en partie à la
très
faible proportion de touristes présents sur le territoire
laotien. Les gens
sont adorables, ils sourient spontanément à
longueur de journée, leurs enfants
sont magnifiques ! Les prix sont excessivement bas. Quand aux
marchands en
tout genre, la situation est même inversée par
rapport aux autres pays envahis
de touristes : ici lorsque l’on doit
régler un taxi ou un rickshaw, on a
honte de leur donner le prix indiqué. Du coup, on donne
spontanément plus que
le prix convenu. Il semblerait qu’ici les
étrangers soient traités différemment
que dans le reste du monde, justement parce qu’ils sont
encore très peu
nombreux. Pakse : sud
du
Laos, durant le festival des esprits, Même les toutes petites filles curieuses, sont conviées a la fête.
Je ne passe qu’une seule nuit à
Paksé. Il n’y a pas grand-chose à faire
là-bas. Après avoir
débarqué de
l’aéroport hier, en provenance du nord du
Cambodge, je suis toutefois parvenu à
rester sans rien faire une après-midi entière. Je
suis resté là, des heures durant,
à somnoler sur la terrasse de l’hôtel.
J’ai admiré les bords d’un
Mékong aux
eaux terreuses, sinuant à travers une jungle
omniprésente au Laos, même dans
certains quartiers de la capitale. Je suis comme ça, je
pense toujours à
quelque chose qu’il faut que je fasse. J’ai
l’esprit qui court et court encore.
Mais avec les années, je parviens de mieux en mieux
à alterner les périodes
d’activités intenses où je prends
plaisir à laisser libre court à moins
hyperactivité, avec des périodes de repos total
où j’apprécie le moment
présent, ici et maintenant.
Dans ces
moments là, mon humeur vagabonde, ma
sérénité face à
l’existence porte jusqu’au
ralentissement des mouvements de mon corps. C’est la
nonchalance, le bien-être.
Bien évidement, la vie ne saurait n’être
faite que de moments semblables à
celui-ci.
Et puisque la liberté c’est de
choisir ces contraintes, dit-on, alors me revoilà de nouveau
jeté sur les
routes, à poursuivre ma quête. Nous sommes le
lundi 9 février 2009. Ce matin,
aux aurores j’ai pris le premier minibus pour aller encore
plus au Sud. On m’a
parlé des ruines d’une citée
millénaire ayant autrefois appartenue à une
peuplade aujourd’hui disparue. Et j’ai dans
l’idée que mes compagnons de
voyages ont, qui sait, peut-être laissé un indice
quelque part au milieu de
l’une de ses ruines. Deux heures après avoir
quitté Paksé, nous arrivons non
loin de Champassak, la citée des dieux endormis. Sans avoir
les proportions de
l’Angkor Wat cambodgien, le temple de Wat Phu au nord de la
ville n’en reste
pas moins l’un des édifices
archéologiques les plus impressionnants de tout le
Laos. Ma quête d’une solution définitive
pour ces enfants du Sida s’arrêtera-t-elle
ici au Laos ? Aurais-je les connaissances
nécessaires à la poursuite ailleurs
et autrement, de mon initiative en faveur des ces enfants du Sida
auxquels je
me sens désormais liés par le plus beaux des
liens ? De cela, je n’en sais
rien au juste. Il me faut poursuivre ma route
jusqu’à son terme !
Pour me rendre à Champassak,
j’abandonne le minibus pour un moyen de transport fluvial. Je
paie un passeur
et traverse le Mékong d’est en Ouest. Sur
l’autre rive se trouve l’auberge dont
j’ai notée l’adresse sur le guide
touristique. J’y dépose mes affaires et
déjeune de manière frugale, sur la terrasse de
cet hôtel là aussi construit sur
pilotis, avec une vue imprenable sur le fleuve. La chaleur est
accablante.
Au-dehors pour cinq mille kils (quatre euros), je monte dans
l’un des minibus
qui parcourent sans cesse la presqu’île du nord au
sud. Je me rends
directement à Wat Phu. A
l’arrière du bus, un moine est vêtu tout
de blanc, à l’instar de ces autres
frères qui traditionnellement sont habillé en
orange. Sans doute est-ce là en
raison des festivités qui ont lieux en ce moment
même. Dès les abords du temple
principale, c’est la surprise : des centaines de
laotiens sont amassés au
bas des murailles. Que se passe-t-il donc !? Ce peuple est
connu pour son
œcuménisme. Ici, animisme et bouddhisme cohabitent
depuis des générations en
parfaite harmonie. Et Wat Phu se trouve à la base du grand
des dieux de
Champassak : la montagne qui trône majestueusement
sur tout le delta. Les
villageois sont-il là pour apaiser la colère du
Dieu de pierre ? Un danger
menacerait-il la région !? Lorsque nous approchons un peu plus de la foule, je suis rassuré. J’aperçois des tentes, des restaurants improvisés au milieu des champs en friches. Des enfants nagent dans l’immense bassin artificiel de forme carré, qui servait autrefois à l’ablution des prêtres du culte. Puis, ce sont les chants des laotiens regroupés là. Le moine dans le minibus m’apprend qu’en fait il s’agit du festival des esprits de la forêt. C’est d’ailleurs la raison de la couleur de sa robe de bure immaculée, me dit-il. Ce festival, c’est trois jours dans l’année où le commun des fidèles était autrefois autorisé par le clergé du culte à pénétrer les lieux, à vénérer les idoles les plus sacrées de tout le royaume. Aujourd’hui, la tradition est perpétuée de manière conviviale. Je passe la fin de cette après-midi à m’imprégner de l’ambiance à la fois solennelle et joyeuse de ce festival auquel j’ai la chance d’assister. Je vois des enfants partout ! Leurs rires raisonnent aux quatre coins de ce camp improvisé. Plus tard, je m’aventure même jusqu’au sommet de la montagne, afin d’y déposer une fleur en offrande et en respect à ces générations d’êtres humains qui se sont succédés, ont grandis et ont éduqués leurs enfants sur les flancs de cette montagnes sacrée. A Champassak,
encore plus au sud,
Les marchandes et leur filles sont également de la partie. Les nones sont
toutes habillées en blanc, pour
l´occasion
Je monte dans
un tuktuk près du chauffeur que ca amuse.
Mais bientôt, peu avant le coucher de soleil, quelque chose se produit dont la teneur exacte m’échappe. C’est comme un murmure, une confidence que les villageois se seraient transmises, sans en faire part aux étrangers. Leur attitude se fait plus solennelle, moins bonne enfant. Ils font leurs paquets, on dirait qu’ils s’apprêtent à quitter les lieux rapidement. Effectivement, une femme d’un âge respectable m’approche de cette démarche légère, presque prude, des femmes d’ici. Elle me touche délicatement le bras et me fait comprendre qu’il est temps maintenant de sortir de l’enceinte du temple. Désormais et pour un an encore, ces lieux vont redevenir la demeure exclusive des esprits.
La nuit venue, l´éclairage publique est disont... intéressant !
Au bout
de quelques minutes, plus
personnes ! Tous le monde est redescendu vers le delta du
fleuve, chacun
s’est réfugié chez soi :
ceux-là dans leur maison construite en dur,
ceux-là dans leur hutte traditionnelle aux mûrs en
natte de paille tressés.
Depuis l’autre versant des murailles, j’ai
observé tout ce petit monde vider
les lieux dans un silence de mort, les visages fermés. Un
spectacle contrastant
de manière incroyable avec leur joie de vivre de ce
début d’après-midi. Seuls,
quelques anciens sont restés là. Parmi eux, la
vieille femme à la démarche
gracieuse. Elle me fait signe d’approcher. Je
m’assieds là, près d’elle.
Elle
s’active, la vieille femme. Sur un bout de tissu
précieux, aux broderies typiques
de cette région du Laos, elle met en place quelques
colifichets. Elle allume
deux ou trois bougies. Puis, elle se saisit de plusieurs brins
d’encens qu’elle
brûle, les mains jointes en direction de
Champassak : le dieu protecteur
incarné dans la montagne qui surplombe depuis toujours, le
delta et ses
alentours.
Le lendemain matin, je traverse de nouveau le fleuve. Je reprends un minibus : direction l’extrême sud du pays, la région des quatre mille îles. C’est une région entre le Laos et le Cambodge, où le cours du Mékong se subdivise en une multitude de petits cours d’eau, de cascades et de bassins de rétention naturels. C’est dans l’une de ces immenses retenues d’eau qu’on comparerait aisément à un très grand lac clairsemé ça et là d’une multitude d’îles, que je me suis baigné avec les derniers dauphins d’eau douce de cette région. Je ne les ai vues que de très loin, ils étaient à une cinquantaines de mètres. Ils ne sont plus que treize. Les pêcheurs les ont exterminés au moment où ils ont intensifiés leur pratique de la pêche à la dynamite. Cela étant dit, je suis très heureux de cette expérience que je n’oublierais pas de si tôt. Je passerais là, parmi les deux plus beaux jours de repos de toute ma vie. J’ai loué un vélo afin de faire le tour de l’île de Don-kon. Je me suis baigné dans les eaux cristallines du Mékong dans cette région. J’ai profité de criques situées aux bords de larges étendues de sables, sans personnes à part moi pour apprécier ce paysage d’autre-monde.
En attendant
d'autres aventures, j'ai loué une chambre, un hamac Les nuits de
pleine lune (oui la Lune, ceci n'est pas un soleil),
Afin de quitter le Laos en route
vers l’extrême pointe sud du continent asiatique,
je me rends en avion à
Vientiane. La capitale située au nord du pays dispose
d’un aéroport
international. J’arrive à l’auberge Lao
Sakonh en fin d’après-midi, le vendredi
treize février. J’y réserve une chambre
jusqu’au lundi matin, date de mon
départ pour Bangkok. Ma mère et Caroline mon
amie, son censées arriver en
Thaïlande le mardi dix-sept au matin. Durant les deux grosses
journées qu’il me
reste à passer à Vientiane, je passe mon temps
entre enquête sur le terrain et
travaille sur l’ordinateur. C’est ainsi que je
passe une grande partie de mes
journées à mettre à jour les sites
Internet crées pour ceux de nos partenaires
qui n’en avait pas. Je mets également de
l’ordre dans toutes ces données
récoltés au Cambodge ainsi que dans le Sud du
Laos. Je prends de l’avance pour
la mise à jour prochaine du blog, etc. Je ne vois pas
grand-chose de la
capitale. Ca tombe bien, c’est une ville moyenne
d’un petit million d’habitant,
apparemment tranquille et peu bruyante, où il n’y
a de toute façon rien
d’exceptionnel à voir.
De mon séjour à Vientiane,
auront
marqué mon esprit les larges bords sablonneux d’un
Mékong dont le niveau est au
plus bas en cette période de l’année.
Les plus téméraires dont je fais partie,
ont pu apprécier l’atmosphère
feutrée et les cloisons en bois précieux de ces
quelques restaurants sur la promenade de Vientiane, où la
nourriture est
exotique, surprenante, délicieuse mais néanmoins
relativement bon marché.
Pourquoi téméraire ? Parce que ce genre
de sérénité au Laos, ca se
mérite ! Il faut affronter les hordes de moustiques
sanguinaires, qui
partout pullulent autour des eux du fleuve Mékong, du nord
au sud du pays. Ces
bestioles adorent les chaires fraîches et tendres de nous
autres occidentaux,
gorgés d’eau et de vitamines que nous sommes. Mais
le jeu en vaut la chandelle,
au sens propre comme au figuré. La nuit tombée,
sur la promenade du bord de
fleuve, des lampions par dizaines éclairent les terrasses
des quelques bars et
restaurants clairsemés tout du long.
A Vientiane, je retiendrais
également ma rencontre avec ces deux jeunes gens
engagés et volontaires que
sont Vanpheng et Kinoy : deux téméraires
d’un tout autre genre que le mien. Les
gens d’ici ont l’air de ce qu’ils sont
d’après moi : des bons vivants,
souvent généreux et humains. Ici au Laos encore
plus qu’au Cambodge. C’est très
reposant, tranquillisant, rassérénant de faire la
rencontre de telles
personnes. Kinoy a 25 ans. Il est père d’un jeune
garçon adorable, nommé Otto.
Sa femme et lui sont séropositifs mais leur fils est
sain ! Kinoy est
président du groupe de personne vivant avec le Sida au Laos.
Ils seraient un
peu moins de dix mille, sur une population qui au Laos
s’élève à plus de six
millions d’individus. Une situation préoccupante.
Le Laos sera classé comme
« à surveiller » dans
notre rapport de fin d’année.
Quand à Vanpheng, c’est tout un
poème ! Face à lui, j’ai
presque, presque eut cette impression illusoire
mais néanmoins rassurante, d’être un
pantouflard, soucieux de son confort
personnel plus que du bien de son entourage. Il est
président fondateur de
plusieurs organisations caritatives, dans un pays au régime
communiste où il
est même interdit de parler de
« groupe », encore moins
d’associations. Mais les choses changent petit à
petit, en particulier grâce à
des gens comme Vanpheng. Avec ses collaborateurs, ils sont sur le point
de
faire éditer par le premier ministre un décret
gouvernemental accordant un
statut légal à toutes les associations dites d’utilité publique. Ca n’a
l’air de rien ? Eh bien au Laos c’est
synonyme de risquer ca vie. Lorsque
je lui parle des problèmes qu’il encoure, il me
dit de butte en blanc, d’un ton
péremptoire : « je
m’en fous ! ». Entre nous, le
courant
est immédiatement passé. Je lui raconte un peu ma
vie avant tout ça. Il
me parle de son ex femme, de sa petite fille Michelle. Par le biais de
Vanpheng, j’offre à cette dernière une
petite peluche qui m’avait était donnée
au restaurant KFC de Lahore au Pakistan. Après quatre jours
d’indigestion comme
rarement dans ma vie, ce fut là mon premier vrai repas.
Cette peluche est le
symbole de la vie qui ne renonce pas. Je la gardais avec moi en sachant
qu’un
jour, l’occasion me serait offerte de faire passer ce symbole
d’espoir à un
autre être humain. C’est choses faite !
Vanpheng m’aura également fait
découvrir certains des coins sympathiques de Vientiane. Ce
sont des établissements
tranquilles : typiques pour certains, exceptionnellement beaux
pour
d’autres, toujours loin des masses informes de touristes
piétinants, remuants,
envahissants, bruyants.
Vanpheng est un visionnaire, à la
personnalité complexe. Nous sommes sur la même
longueur d’onde. Lorsqu’il me
parle de ces difficultés à être compris
de ces collègues qui rarement le
suivent aussi loin qu’ils le voudraient, je le comprends
(tout en ayant une
pensée solidaire pour ces collègues de travail).
Lorsque je l’interroge sur la
raison qui le pousse à multiplier les associations locales
plutôt que de créer
une seule et unique organisation, il me
dit : « question de
discrétion… ». Eh oui,
ô communisme, communisme quant tu nous tiens !
Au Laos cela m’apparait effectivement comme une
stratégie sage, réfléchie.
J’en
viens à la question que tous le monde vous posera un jour
où l’autre si vous
faites partie du « milieu
associatif », comme on dit souvent.
« Qu’est-ce qui t’a
poussé à travailler pour les
autres ». Du reste,
c’est un peu le même genre de question que
l’on pose aux novices dans les
monastères. L’engagement c’est souvent
un sacerdoce. Je pose donc cette
question à Vanpheng, tout en laissant mon esprit vagabonder
à des
considérations diverses. Toutefois, je finis par remarquer
que le silence qui
s’installe est anormalement long. Je suis immobile, tous les
sens aux aguets.
C’est une réaction instinctive, bien utile par
moment ces fossiles psychique de
notre passé phylogénétique. J’observe
alors que le regard de Vanpheng se trouble, il renifle comme si sa
paroi nasale
était soudainement humide. Comme lorsque l’on a la
larme à l’œil. « Une
nuit, mon frère ainé s’est
endormi », me dit-il enfin.
« Il ne s’est jamais
réveillé… Ca a
été
très dur de comprendre, d’accepter.
C’est pas comme s’il avait eut un accident
de voiture. Paff, il est mort. Non là il s’est
juste endormi… pour ne plus
jamais se relevé ».
La plupart des gens passent leur vie
et geindre, remuer, à taper du pied dans l’espoir
qu’un jour ils trouveront un
sens à leur vie. Voilà un jeune homme qui ne
s’est pas embarrassé de tant de
turpitudes. Un jour, il a compris que bientôt il ne serait
plus là. Et peu
importe quand ce bientôt
finirais par
venir. Il en a pris son partie et aujourd’hui il emmagasine
les expériences et
les combats. Il
semble porter sur la vie
un regard profond et tendre à la fois. C’est une
forme d’humanité toute
particulière, d’autant plus lorsqu’on la
rencontre chez un homme aussi jeune.
Toutefois, cela n’empêche nullement Vanpheng
d’avoir un sens de l’humour
communicatif ! Grâce à lui
j’aurais bien ris lors de mon séjour à
Vientiane.
Un jeune homme humain, charismatique, positivement naïf et
engagé. Oui, voilà
une personnalité exceptionnellement complexe s’il
en est. Je garderais de ma
rencontre avec Vanpheng et Kinoy un souvenir attendri.
J’espère que dans le
futur nous saurons cultiver des relations de travail aussi fructueuses
que l’on
été ces trois petits jours passés
ensemble.
C’est dans cet état
d’âme, plein de
gratitude pour les rencontres que j’ai la chance de
réaliser lors de ce voyage,
que je prends le vol du lundi 16 février
après-midi pour Bangkok, capitale de
la Thaïlande. Je dois retrouver Caroline Bonnellie mon amie et
ma mère, toutes
deux venues passer quelques jours de vacances en ma compagnie. Le lendemain matin je me lève encore un peu plus tôt que d’habitude. A sept, j’accueille Caroline à l’aéroport international de Suvarnabhumi. Les retrouvailles sont très chaleureuse, je suis plus qu’heureux de pouvoir retrouver une très bonne amie. Me reviennent en mémoire les moments agréables que nous avons passées tous ensemble, Caroline, moi et un petit groupe de nos amis parisien. Trente ans, c’est décidément le plus bel âge de la vie ! Ils me manquent tous. Ma mère arrive le même jour, par le vol de midi. J’ai insisté (pas beaucoup car elle était très motivée) pour inviter ma mère. Elle a pris depuis Marseille où elle réside un vol domestique pour Paris, puis un vol sans escale pour Bangkok. Malgré la fatigue et le décalage horaire très important, Caro insiste pour revenir aussitôt à l’aéroport afin d’accueillir ma mère.
Bangkok :
c´est la saint-valentin. C’est ainsi que commence réellement notre cohabitation, tous les trois ensemble. Nous passerons deux jours à visiter cette capitale et ses palais somptueux, sont majestueux temple du buddha d’émeraude, ses stupas royales entièrement recouvertes d’or et ses rues dont certaines, en particulier celle que l’on nomme Sao Khan road, sont envahies à la nuit tombée par des milliers de touristes. Le samedi après-midi aux halles de Paris ? Puff, c’est rien à coté !
La magistrale pagode d´or du palais royale.
Les ruelles du
marché chinois,
Bangkok après le coucher du soleil. Pour la suite du voyage et pour le plus grand confort de ma pauvre mère, nous louons une voiture. Grâce à cela, elle n’a pas eu à marcher des heures durant, à courir les bus et les hôtels miteux. Elle n’a pas eu à suivre le rythme d’un trek quotidien que nous autres backpackers (Caro et moi) aurions pu soutenir. Sans compter que nous avons tout trois pu ainsi pleinement apprécier nos cinq jours de visite des principaux sites historiques du Nord de la Thaïlande. Nous visitons le temple d’Ayutthaya, l’ancienne ville royale de Lopburi où nous arrivons à la nuit tombée, au moment d’un festival donné dans l’enceinte même des ruines de l’ancien palais royale. Des représentations théâtrales à ciel ouvert, des groupes de musiciens qui se produisent dans les jardins du parc en costumes d’époque, des lampions par milliers, des fontaines, des gardes en uniformes : c’est un spectacle haut en couleur qui nous accueille dès avoir quitté la capitale thaïlandaise. Fait ô combien significatif : ici les visiteurs thaïlandais sont très clairement plus nombreux que le peu de touristes présents ce soir. Je suis sur un petit nuage ! Je suis en compagnie de gens aimés et je visite le palais du pays des merveilles !
Lopburi au nord de
Bangkok et son festival : devinez pour qui ?
Oui, les asiatiques semblent grands consomateurs de festivals pour dieux, en tout genre. N'oublie pas de faire un voeux mon garçon ! Au pays des merveilles, il sera réalisé. Des centaines de lampions éclairent le festival.
Le lendemain matin, nous reprenons la route pour les temples de Sukhôtai : bijou d’architecture Thaï, dont l’influence khmère est évidente sur certains des monuments. Nous passons la nuit dans un bungalow, isolé de tout, au cœur de la réserve naturelle de Lang San. Le matin, nous prenons un bain près des cascades de la rivière. Ma mère se transforme en véritable aventurière, escaladant monticules et dévalant pentes et vallons escarpés ! Elle nous suivra partout pour visiter le parc, sans se plaindre de son dos ou de son arthrose naissante. Elle insistera même pour escalader seule… un petit rocher. Ô miracle ! Le troisième jour, nous arrivons à Chiangmai, la destination finale de cette première moitié de notre voyage. Nous visitons musées, marchés de babioles en tout genre (chère au cœur de ma mère), monuments historiques, ainsi que le zoo de Chiangmai. Le nord de la Thaïlande et ses temples qui n´ont pas grand chose à envier à un Angkor Watt.
Et devinez qui fait
le pitre en bas de la statue...
Oui c´est bien moi, et dérrière l´objectif ce sont les mains expertes de Caroline. Afin de poursuivre notre périple en terre thaïlandaise, nous prenons ensuite l’avion afin d’atteindre le Sud du pays. Nous arrivons à l’aéroport de l’île de Phuket, le matin du lundi 23 février. Nous ne nous attardons pas sur cette île aux reliefs exceptionnelles mais aux plages néanmoins bondées de touristes : essentiellement des européens, des australiens, des américains. Nous préférons nous rendre dès que possible sur l’île de Ko Phi Phi. Là, sur une plage presque déserte, nous passerons cinq jours dans un bungalow au décor spartiate. Un cadre à la « Robinson Crusoë », qui ne manquera pas d’enchanté notre petite équipé. Y compris ma mère qui n’avait pas « eut de telle vacances depuis plus de dix ans », me confiera-t-elle. De cela, j’étais effectivement au courant. Le paradis !
Ko Phi Phi n´est accessible qu´enm bateau. Sur l´île, aucun véhicule motorisé. Il est tout simplement impossible de ne pas se reposer dans un lieu pareil !
Dans la famille nous avons toujours eut tendance à trop travailler. Nous avons cette capacité sans doute en partie innée, à nous investir totalement dans la tâche qui nous incombe. On a les défauts de ces qualités, comme qui dirait. Ici, sous les cocotiers j’ai pu oublier les neufs années que j’ai passées à étudier et travailler en même temps, afin d’obtenir mes diplômes tout en « construisant un avenir », disaient mes parents. Aujourd’hui, malgré quelques déboires et discordes diverses comme il en existe dans toutes les familles, je leur suis reconnaissant de nous avoir inculqué une telle approche de la vie. Pourtant, souvent nous avons eut toutes les raisons de penser que le prix à payer pour acquérir les bénéfices d’une telle leçon était lourd de conséquences. C’est sans doute mon frère ainé qui en a le plus chèrement, le plus durement payé le prix… Sur les plages au sable si fin du Sud de la Thaïlande j’ai pu, pour un temps, reprendre un souffle qui devenait de plus en plus court. Grâce à ma mère et à Caroline, j’ai pu prendre une pause dans ma quête autour du monde pour cette solution collégiale, applicable sur le long terme, aux problèmes dramatiques que rencontrent aujourd’hui encore les enfants touchés par la pandémie du Sida. Alors, bien entendu j’ai eut moins de temps à consacrer à mon enquête sur le terrain thaïlandais. Je suis tout de même parvenu à collecter nombre d’informations essentielles à notre étude. C’est ainsi que lorsque Caroline la première, puis ma mère s’en sont retourné pour la France en ce début de semaine, j’ai eut une petite boule au ventre. Je me retrouve de nouveau en face à face avec moi-même. « Ludovic face à son destin »… On dirait le titre d’une production cinématographique à l’eau de rose, de celles dont ma mère était friande étant plus jeune. Yeurk ! Disons que je pensais que le retour serait plus difficile à ce qui désormais fait mon quotidien depuis bientôt six mois. Pourtant, je me suis rapidement réacclimaté à la vie du vagabond humanitaire que je suis devenu ces derniers mois. Adieu,
frère soleil !
Adieu paradis ! Je prends dès que possible l’avion pour Singapour où j’arrive le 3 mars 2009. Je ne passerais là que deux jours. En définitif, mon impression sur cette ville est qu’elle est une île-ville-état fort intéressante mais peu accueillante. Chacun semble trop occupé à vaquer, vaquer à ses occupations. Les gens sont pressés, pressés comme des citrons. Le matin ils courent et courent encore jusqu’au soir venu. Qui plus est Singapour est « la ville des interdits », ils le disent eux-mêmes. Il est interdit de jeter ceci là, il est interdit de traverser ici, il est interdit de faire ceci ou cela. Quoiqu’il en soi, je garderais un souvenir intense du musée situé au quatrième étage du temple bouddhiste de style chinois, où j’ai d’ailleurs eut la chance d’assister à la prière du matin, de fidèles tous vêtus pour l’occasion en robes traditionnelles noirs. Ce musée contient une des collections les plus remarquables de statues du Buddha que je n’ai jamais vue ! Des statues de tous les styles asiatiques possibles et imaginables. Ce musé aux collections impressionnantes est situé à l’avant-dernier étage de l’édifice. Le dernier étage étant réservé à la salle d’exposition d’une des reliques les plus sacré au monde pour les bouddhistes : la dent de Buddha.
Singapoure : temple bouddhiste au sein du quartier choinois.
C’est le lundi 9 Mars 2009 que je prends le train pour Kuala Lumpur, capitale de la Malaisie située à quelques centaines de kilomètres au nord de Singapour. Je loge dans un petit hôtel non loin de Chinatown, je profite d’un cinéma qui diffuse ses films en anglais, je visite les différents quartiers de la ville dont le quartier d’affaire, sa tour « Prudential » et celles qui sont désormais les plus hautes tours jumelles du monde. Mais c’est à Pinang, une petite île au nord ouest du pays que je ferais ma rencontre la plus intéressante. Effectivement, j’ai trouvé les associations à Kuala Lumpur assez fermées, tout comme celle de Singapour du reste. Sauf CASP (community aids service penang), une association dont s’occupe Madame Elisabeth Thomas. Ces gens disposent d’un centre qui accepte toutes les personnes souffrant du VIH/Sida d’une façon ou d’une autre, dans un pays où les communautés ne se mélangent pas et où les minorités sexuelles sont persécutées. Un exemple : les orphelins séropositifs ne sont pas mélangés aux autres orphelins. C’est une mesure qui ailleurs déjà lorsqu’elle est mise en pratique seule, à quelque chose d’infamant pour ces enfants. Que dire alors de la situation en Malaisie où en plus, les orphelins séropositifs musulmans ne sont pas mélangés à ceux issues des autres communautés religieuses, qui sont nombreuses dans le pays : hindous, bouddhistes, sikhs et chrétiens. L’intégrisme musulman du régime malais n’a pas finit de nous scandaliser. C’est juste avant mon départ pour Jakarta l’indonésienne, que j’obtiens un rendez-vous avec cette chère Elisabeth Thomas. Une femme pleine de compassion, d’humanité, pleine de vie et d’ambition pour l’aide qu’elle veut apporter aux personnes affectés ou infectées par la Sida : de nombreux adultes, toxicomanes, prostituées ou autre malades ; également de nombreux enfants infectés souvent par la mère, elle-même victime d’un mari toxicomane souvent décédé aujourd’hui. Un scénario qui ne cessera jamais de me révolter, auquel je ne m’habituerais jamais. Je l’espère du moins. Malaisie : Kuala
Lumpur et son temple hindous remarquable.
Et ses associations
de lutte contre le Sida, dans un pays oú
l´islamisation de la société pourtant
clairement
multiculturelle (mais à forte majorité
musulmanes)
est un véritable casse-tête chinois (c´est le cas de le dire...) Pourtant les associations ici ont bien compris qu´il fallait tout faire pour ces enfants !
C’est
le lundi 9 mars à 1h30 que
nous atterrissons à Jakarta, capitale de
l’archipel
Indonésien, après plus
d’une heure de retard en raison de la
météo
mouvementé. Sans compter le retard
que j’ai pris à faire ma demande de visa
à
l’arrivée à
l’aéroport. Le douanier
m’a demandé de l’argent, alors que mes
papiers
étaient parfaitement en règle
d’après son collègue.
Lorsqu’on vous demande
vingt dollars à une heure du
matin, dans un pays étranger vous ne
réfléchissez
pas, vous vous exécutez,
docilement. C’est à cette heure tardive donc, que
j’arrive à Jakarta :
cette mégalopole sans grand intérêt en
apparence.
La plupart de ces quartiers
bâtis de bric et de broc ont été
emportés
par la crue phénoménale qui à
inondé
en 2007 la plus grande partie de la ville. Une catastrophe qui couta la
vie à
de nombreux habitants parmi les plus pauvres. La conséquence
d’une politique
d’urbanisme sauvage, où le profit règne
en maitre
absolue. Aujourd’hui
pourtant, il reste encore des dizaines d’hectares de
bidonvilles
clairsemant le
Skyline Jakartois. Alors la nuit, la vue de tous ces immeubles
fleuretant avec
les cieux, c’est très beau. Le jour pourtant, tous
ces
enfants qui se baignent
dans l’une des nombreuses rivières qui servent
également de déversoir aux
détritus des taudis, ca fait froid dans le dos.
A mon arrivée, il faut avouer que
j’ai pris peur. J’ai véritablement cru
que ce serait pénible, à Jakarta. Des
jeunes gens qui vous demandent des pourboires dès la
descente de l’avion, sur le
parking de l’aéroport à une heure du
matin, pour vous aider à porter votre sac…
alors que vous l’avez sur le dos !? C’est
très bizarre, oui effectivement.
Aux abords de la ville, ce sont les premiers taudis qui vous
accueillent. Non
loin de là, les premiers fêtards, dont vous ne
voulez même pas savoir combien
de drogues ils ont pu ingérer pour parvenir à
s’exprimer aussi fort, avec une
telle voix d’outre tombe. Bref, ce n’est que
lendemain que j’ai pu constater
que Jakarta et ses presque dix millions d’habitants, ses
quartiers coloniaux
datant de l’occupation hollandaise, tous cela ne manque pas
d’un certain
charme. D’autant plus que les indonésiens semblent
être un peuple bon vivant,
sympathique, ouvert. Ici contrairement à ce qu’il
m’a été donné de constater
en
république islamique de Malaisie, très peu de
femmes sont voilées et rares sont
les hommes qui portent la barbe. Pourtant il ne faut pas s’y
fier : à la
l’heure de la prière les mosquées sont
pleines. Pour prier, les hommes tirent
de leur poche une kippa islamique et les femmes un voiles blanc, afin
de se
couvrir la tête. Mais en dehors de ces heures là,
ce sont des gens comme tout
le monde. Comme quoi c’est possible
d’être comme tout le monde, sereinement, de
vivre en paix, de s’accepter les uns les autres.
Quoiqu’il en soit, contrairement
à
New Delhi où je devais m’occuper entre autre du
tournage du documentaire, ici
rien ne me retiendra plus de cinq jours que j’aurais
passé à courir après des
associations qui refusent pour la plupart de divulguer les informations
dont
elles disposent. Ce n’est qu’en insistant encore et
encore, que l’une d’entre
elles (l’une des plus importantes associations de lutte
contre le Sida en Asie
du Sud est) me révèlera la véritable
raison de leur réticence à communiquer aux
sujets des enfants. En fait, aucune association indonésienne
ne semble disposer
de réel programme dédié à
la prise en charge des enfants infectés ou
affectés
par le VIH/Sida. C’est dire l’ampleur du travail
qui reste encore à effectuer,
dans un pays où les problèmes de toxicomanie et
de prostitution semblent
progresser à une allure folle.
De
fait, d’entre tous les moments
difficiles que j’ai eut à vivre depuis mon
départ,
cette semaine passé à
Jakarta aura été nerveusement l’une des
plus
éprouvante qu’il m’ait
été
donné
de connaitre. Deux petits problèmes personnels me taraudent
depuis quelques
temps. Il est vrai que je me pose d’ailleurs la question de
savoir si j’ai
encore une vie personnelle, moi qui ne dort presque jamais deux soirs
au même
endroit !? La peur d’échouer
après tout ce que
j’ai promis de réaliser. La
peur et ajouter à cela la fatigue me font dire que la fin du
voyage est pour
bientôt, et ca n’est pas un mal : je
n’aurais pu
tenir bien plus longtemps
à ce rythme effréné de toute
façon.
J’ai bien quelques petites astuces de psy
pour éviter de sombrer dans la panique. J’affronte
ma
peur, cette petite mort de
l’esprit. C’est un processus en
général assez douloureux. Cette
peur vous passe dessus, elle s’empare de vous.
C’est la dernière chose à
laquelle vous pensez en vous endormant, la première
pensée qui vous assaille en
vous réveillant. Pourtant il faut consentir à
laisser cette peur vous
étreindre, passer sur vous. Puis elle vous laissera choir,
là gisant sur le bas
coté de votre existence, comme un fauve qui n’aura
pas voulu d’une proie à la
chaire trop dure. Vous êtes épuisé
certes, mais comme purifié, revigoré, les
idées de nouveau en place et l’esprit serein.
J’ai eu peur oui ; peur de ne
pouvoir venir à bout en temps et en heure de ce voyage.
Notamment parce qu’il
faut que je sois en Amérique du Sud dans un délai
imparti. Ce qui ne me laisse
que dix jours pour visiter l’Australie : impossible. C’est pourquoi
aujourd’hui, j’ai pris la décision
de me rendre directement au Pérou, sans passer par
« le pays des longues
pattes », mais simplement en pensant très
fort aux kangourous, aux vastes
étendues de bush, au peuple aborigène que
j’aurais tant aimé rencontrer !
Cela dit, aucun regret. J’espère que ce
n’est que partie remise. Effectivement,
aucune des écoles australiennes que
j’ai
sollicité (j’ai passé des heures et des
heures à les contacter toutes une par
une) n’a accepté que je présente ce
projet aux enfants dont elles ont la
charge. Alors j’aurais bien aimé y aller quand
même : il est vrai que ça
n’est pas donné à tout le monde
d’être aussi loin de chez soi, exactement
à
l’autre bout de la planète. Mais il est bien connu
qu’un seul tour du monde ne
suffit pas à tout visiter. Je me dois également
de conserver un peu d’argent
afin d’inviter les quelques enfants qui n’ont pas
trouvé de soutien pour venir
cet été à Paris, pour ce qui sera la
première rencontre internationale des
enfants du Sida : l’IMCA | 2009 (bientôt
plus d'informations devraient être disponibles au sujet de
l'IMCA
: international meeting of children living with AIDS), qui devrait avoir lieu
à Nanterre. Voilà,
un petit
sacrifice de plus pour ces enfants. C’est bien peu de chose.
Je n’oubli pas la
chance que j’ai d’avoir pu concevoir et
aujourd’hui de réaliser un tel
projet : l’aventure d’une vie.
« The adventure of a lifetime »,
comme
l’a qualifié mon oncle
d’Amérique, Ismaël. L’Australie
attendra, un jour peut
être...
Aujourd’hui je suis prêt pour ce
qui
sera en principe la dernière étape de ma
quête autour du monde. Une dernière
étape
bien méritée, d’autant plus que ma
santé elle aussi se met sérieusement à
flancher quelque peu. J’ai des entorses à
répétition, probablement en raison
des heures passées à marcher en plein soleil par
une chaleur accablante :
les pieds chauffent malgré le port de sandales, à
la longue les tendons ne
supportent plus d’être soumis à si rude
épreuve. Sans
parler des incessants problèmes de
digestion. J’ai en plus un bouchon à
l’oreille droite qui tarde à partir,
malgré l’administration quotidienne de goutte
appropriées. J’ai de temps en
temps des poussées de fièvres, etc. Bref, je suis
bien conscient que je tire sur
la corde de mon système immunitaire. Je ne pourrais pas le
faire encore bien
longtemps. Je vais donc suivre les conseils de mon
père : je vais me
mé-na-ger. « Je ne doute plus de ta force
moral, mon fils. Mais fais
attention à ta
santé ! », me disait-il
l’autre jour encore au
téléphone. En fait il n’a pas
cessé de me le répéter depuis le jour
où il a
appris ce que je faisais au juste.
C’est ainsi, conscient un peu plus
chaque jour de mes différentes limites, que je quitte
Jakarta pour l’est de
l’île de Java. Je passe mon dernier week-end du
bout du monde dans la ville de
Yogyakarta. Je profite de cette occasion pour louer une motocyclette.
Une
motocyclette… rose. Superbe couleur ! Pas un rose
fade, discret, sombre.
Non, un beau rose bonbon, bien flashi ! Que
de réflexions hilares je n’ai entendue sur
mon passage à la vue de ma carcasse
dégingandé assise là, sur la selle de
cette
petite cylindrée… rose. Peu importe, comme disait
la dame de la
location : « c’est la
seule qui nous reste, et puis… ce n’est pas
la couleur qui fait la moto ! »,
qu’elle disait. Il est sûr que grâce
à cette moto j’ai pu visiter Jogjakarta et ses
alentours, j’ai pu piquer une
tête dans la mer non loin de là. Il y avait de
hautes falaises tout autour, une
plage qui s’étend sur des kilomètres et
ce sable fin, gris anthracite, résidu
de l’érosion des nombreux volcans en
activités dans la région, qui
régulièrement crachent leur nuée
ardente : un décor d’un autre
âge, comme
sorti tout droit du « voyage au centre de la
Terre » de ce bon vieux
Vernes. J’ai également pu visiter les fameuses
ruines de Kraton :
l’un des quartiers d’habitations traditionnelles
les mieux conservés de toutes
l’Indonésie. Bientôt je devrais quitter
cette île de Java dont j’ai appris à
aimer le charme si particulier. C’est là aussi à Kraton, sur le marché improvisé en face de l’ancien palais royal, que je fais la rencontre d’une habitante du vieux quartier de Jogjakarta qui n’a cessé de m’observer de loin, l’air de ne pas y toucher, depuis mon arrivé dans les environs. Ce n’est que lorsque je me suis mis à flâner sur le marché, que j’ai remarqué ses yeux pausés sur moi. Vous savez bien !? Comme lorsqu’on se sent observé en permanence, des yeux dans le dos. Je finis par aller l’aborder : comme ça, tout d’un coup. Elle parait à peine surprise, comme si elle s’attendait à ce que j’agisse ainsi. Ces gardiens du Khouloud auraient-ils appris à connaitre ma psychologie au point qu’ils peuvent dans une certaines mesure, prévoir mes réaction. Elle s’appel Trématasse. Un nom typiquement Indonésien qui tire ses racines du plus profond des âges. A une époque où les habitants de l’archipel n’étaient pas encore bouddhistes, ni même hindouistes ou musulmans. C’était une époque où l’être humain vivait encore en total osmose avec Gaya : déesse supérieure et mère de toute création. L'un des quartiers
les plus typiques d'Asie du Sud est,
Kraton non loin de Bodrobudur. Trématasse, puisque c’est ainsi qu’elle m’a dit s’appelait, m’accompagne jusque non loin des ruines d’une ancienne citée à moitié enterrée. Là, près de la porte d’un souterrain visiblement abandonné, elle m’explique tout d’abord la route à suivre afin de rejoindre le temple des anciens. A travers le labyrinthe souterrain, seul quelques initiés connaitraient le passage qui peut vous éviter de vous perdre ici à jamais. Elle s’engage la première dans le souterrain et me fis signe de la suivre. Un regard à droite, un regard à gauche. « Après tout, qu’est-ce que je risque ?», me dis-je. Je lui emboite le pas. Je la suis dans ce dédalle de couloirs aux plafonds voûtés. Au bout d’à peine une minute, je prends conscience que je serais bien incapable de retrouver la sortie sans l’aide de cette femme. Une femme nous fait
descendre
dans un vieux souterrain qui semble abandonné....
Les
habitantes du quartier semblent intriguées.....
Elles nous suivent du ragrd alors que nous descendonc dans ce boyau obscur.... Nous marchons encore un peu. Je me retrouve bientôt dans une salle circulaire. Sur les mûrs de la salle sont accrochés des masques traditionnels, aux faciès couleur de craie, aux nez parfois retroussés, aux sourires toujours insidieux, souvent narquois aussi. Au centre de la salle, j’aperçois plusieurs ouvertures qui donnent sur une petite cours intérieure à ciel ouvert. Au centre de cette courette se trouve une étroite estrade de pierre, à laquelle mènent trois escaliers chichement sculptés. Là, c’est un vieil homme qui fixe sur moi un regard impassible. J’aurais pu le prendre pour une statue de pierre. Pourtant, quelque chose dans l’attitude de la femme, qui se trouve désormais à ses cotés, me dit que ce vieil homme doit sans doute avoir un message pour moi. Je monte les marches, unes à unes. Effectivement, j’aperçois sur sa main droite le symbole d’une confrérie du Khouloud que je ne connais désormais que trop bien. Je ne suis même pas surpris. Tout près du Veil homme, dans une niche creusé à même la roche, une statue : quelqu’un à déposer entre ses mains une missive. « Rend-toi à Borobudur, demain à l’aube. L’illuminé tiens entre ses mains un indice qui ne doit être saisie que par toi ». Le vieil hermite ne dit pas un mot. De même, la femme reprend aussi tôt le chemin de la sortie. Je la suis à nouveau. Au bout du
labirynthe souterrain, une salle circulaire : ... Aux mûrs, le faciès de certains esprits veillent encore sur les mortels.
Le
lendemain matin, je prends un bus à l’aube afin de
me rendre à Borobudur, ce
temple qui compte parmi les sept merveilles du monde antique !
Quitter
l’Indonésie sans visiter une telle prouesse
d’architecture aurait été honteux,
à n’en pas douter. Une fois sur place, je suis
parmi les premiers visiteurs à
pénétrer dans le parc qui cercle le temple
bouddhiste. Je m’insère discrètement
parmi un groupe de touristes et j’attends de savoir
où, exactement, se trouve
ce fameux « illuminé »
dont parle la missive que j’ai reçu hier.
L’illuminé, c’est l’autre
façon de décrire le Buddha. Ca c’est
assez clair.
Mais ici à Borobudur ce sont des centaines de statues de
buddha, sans comptés
les bas reliefs, qui sont disposées partout sur les parois
du temple. La
question est de savoir quel illuminé choisir !?
De plus, le temple est construit
comme une chape de plusieurs étages en pierre,
posé sur une colline
préexistante. C’est d’ailleurs
l’une des raisons pour laquelle ce temple a si
bien résisté aux attaques du temps. Nous suivons
ainsi le guide qui est là, à
nous expliquer tout le processus de construction et celui de
rénovation récemment
financé par les nations unis. Nous grimpons les marches unes
à unes, et le
guide n’en finit pas de parler alors que le soleil est de
plus en plus haut
dans le ciel, et que les premières hordes de touristes
assoiffés de prises de
vues, se ruent bientôt vers les marchent du temple en
contrebas. A ce rythme
là, jamais ne parviendrais au sommet en premier, le message
risque d’être pris
par un autre ! Enfer et damnation ! Mais
heureusement, adossé à l’une
des parois du temple un vieux, très vieux moine bouddhiste
semble se rendre
compte de mon désarroi. Il me fixe du regard, puis se dirige
doucement vers moi
d’une démarche chancelante, une canne en bois
à la main. « Seul le buddha
qui fait face au levant depuis le nirvana, te portera
chance ». Sans autre
mot, le vieux moine s’en retourne à son
mûr où il s’adosse de nouveau afin de
profiter des premiers rayons du soleil.
Le nirvana !? N’est-ce pas
là
l’autre nom pour le paradis des bouddhistes ? Ok,
donc la statues devrait
se trouver tout en haut du temple ! Sans plus attendre, je
fausse
compagnie au guide et je monte quatre à quatre les marches
en direction du
sommet. Là, au milieu d’une multitude de pagode en
pierre de toutes tailles, je
repère néanmoins assez facilement
l’illuminé en question. Je m’approche et
sans
grande surprise, j’aperçois posé sur
ses mains l’indice dont m’a parlé le
vieil
ermite du souterrain. Je l’ouvre sans plus attendre. Cet
indice est en
français, parfait ! Cela
m’évitera quelques efforts de traduction.
Voilà
exactement ce que la lettre dit :
« Tu
rendras hommage au Dieux
Tortue, en survolant ce pays des longues pattes constamment
brûlé par un soleil
de plomb. Au sud du continent autrefois inconnu, tu traverseras seul le
lac du
dieu soleil. Tout en haut de la montagne, tu trouveras lové
au
creux du plateau
de la PachaMama la nef dédiée à la
déesse
Inti et à son dieu d´époux.
Là, se
trouve ton dernier indice. Prend garde ! Car Le doute et la
solitude son
les meilleures compagnes de la fin de ce genre de périple.
C´est pourquoi, et
parce que tu nous as suivi depuis le début, nous allons
t´aider un peu plus que
nous l’aurions fait en d’autres circonstances. Afin
de
trouver ta route, il te
suffit de tracer un triangle d’or entre le temple du Buddha
ou tu
te trouves en
ce moment même et le sanctuaire du Dieux Tortue, non loin
d´Alice Springs. La
pointe de ce triangle t’indiquera ta prochaine destination.
Comme
nous te
l´avons promis, tu devras traverser le lac le plus proche du
soleil, avant de
venir a bout de l´énigme de l´arbre de
vie. Mais ta
quête ne sera pas finie,
loin de la. Nous, gardiens du Khouloud, nous serons avec toi ou que tu
sois.
Nous te recontacterons le moment venu. »
Après
toutes ces
péripéties, je suis passé expert dans
l’art
de déchiffrer de telle énigmes. Dès
mon retour à l’hôtel, j’ai
pris une carte. Je
l’ai repliée afin que l’océan
pacifique ne soit plus coupé en deux. Puis, j’ai
tracé un triangle rectangle entre
Borobudur, Alice Springs où se trouve
« le dieux
tortue », selon
toute vraisemblance l’autre nom donné par ces
gardiens
à la montagne sacrée et
vénérée par les aborigènes
depuis
d’innombrables générations. La
troisième et
dernière pointe de ce triangle se finit vraisemblablement
quelque part en
Amérique du Sud, au Pérou plus
exactement… L´Indonésie
: place centrale de Jakarta. Enfance indonésienne en danger ! Je
dédie ce chapitre à ma grand-mère
paternelle,
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